QU'EST-CE QUE LE S.B.S ?

Le syndrome du bébé secoué (SBS), appelé aussi traumatisme crânien non accidentel (TCNA), est la forme la plus grave de maltraitance infantile entraînant des conséquences dévastatrices sur la santé du nourrisson.

Il s’agit de la première cause de décès par traumatisme crânien pour les enfants de moins de 1 an.

Mécanisme, conséquences et séquelles :

Mécanisme

Le S.B.S. est un acte de maltraitance sur un nourrisson effectué par un adulte.

Le secouement effectué par l’adulte en empoignant généralement le bébé sous les aisselles entraine le ballotement :

-de la tête du bébé d’avant en arrière en hyperflexion et hyperextension provoquant une accélération-décélération brutale de la tête du bébé. 

-du cerveau dans la boite crânienne et choque ainsi les os du crâne.

 -du globe oculaire

Le secouement est un geste d’une extrême violence. Pour le cerveau du bébé, il équivaut à un choc frontal en véhicule de plus de 90km/h (1)  ou d’une chute de 11 étages concernant les dégâts intracrâniens.

Le S.B.S. est un acte de maltraitance sur un nourrisson effectué par un adulte.

Le secouement effectué par l’adulte en empoignant généralement le bébé sous les aisselles entraine le ballotement :

  • de la tête du bébé d’avant en arrière en hyperflexion et hyperextension provoquant une accélération-décélération brutale de la tête du bébé. 
  • du cerveau dans la boite crânienne et choque ainsi les os du crâne.
  • du globe oculaire

Le secouement est un geste d’une extrême violence. Pour le cerveau du bébé, il équivaut à un choc frontal en véhicule de plus de 90km/h (1)  ou d’une chute de 11 étages concernant les dégâts intracrâniens.

Lors du secouement, l’adulte est en face du bébé, « les yeux dans les yeux ». Il est face à cette situation de violence et aux conséquences directes : le bébé est ainsi chaos, ne bouge plus, ne pleure plus, est léthargique, en arrêt cardio-respiratoire dans le pire des cas.

Conséquences lésionnelles primaires

  • Des lésions intracrâniennes : hématomes sous duraux (sang autour du cerveau dans la boite crânienne) provoqué par le déchirement ou la rupture des "veines-ponts" (veine reliant le cerveau à la paroi interne du crâne, la dure mère), oedèmes cérébraux
  • Des lésions oculaires : hémorragie rétinienne (sang au fond des yeux) via l'arrachement des vaisseaux sanguins
  • Des lésions osseuses : fractures de la cage thoracique (zone où est empoignée le bébé), du rachis cervical ou des membres
  • Des lésions cutanées : hématomes ou ecchymoses des lésions de la moelle épinière
  • Des lésions de la moelle épinière

Les lésions cérébrales secondaires entrainent des séquelles lourdes :

  • Cérébrales : Épilepsie sévère
  • Déficits visuels & auditives : Partiel ou total
  • Trouble du comportement : Cognitif, du langage
  • Retard du développement : psychomoteur
  • Motrices : Paralysies (hémiparésie, quadriplégie)
  • Troubles de l'apprentissage, des fonctions exécutives

SÉQUELLES

Plus de 10% des bébés secoués décèdent et 75% gardent des séquelles irréversibles.

Un dommage sur le cerveau d'un nourrisson en plein développement est un frein majeur à l'acquisition de nouvelles compétences/connaissances :  langage, motricité, fonctions exécutives, efficiences intellectuelles, etc. Plus le traumatisme est effectué sur un enfant jeune et les lésions diffuses, plus les conséquences seront sévères.

Les lésions cérébrales secondaires entrainent des séquelles lourdes sur le développement de l'enfant : 

  • Cérébrales : Épilepsie sévère
  • Déficits visuels & auditives : Partiel ou total
  • Trouble du comportement : Cognitif, du langage
  • Retard du développement : psychomoteur
  • Motrices : Paralysies (hémiparésie, quadriplégie)
  • Troubles de l'apprentissage : des fonctions exécutives

Le retard aux soins et l’absence de diagnostic dès le 1er secouement vont accroître et alourdir les conséquences de ces lésions cérébrales secondaires pour le nourrisson.

Pour le bébé « survivant », ces séquelles vont apparaître au fur et à mesure des années après le secouement provoquant ainsi, des « handicaps invisibles » : difficultés d’apprentissage, de langage, de mémoire, de comportement, etc. Handicaps s’aggravant avec le temps et persistants à l’âge adulte. Ils nécessiteront des prises en charge lourdes et spécifiques dès le plus jeune âge : orthophonie, kinésithérapeute, ergothérapeute, éducateur spécialisé, psychologue, etc… Ces handicaps « invisibles » sont un frein et une gêne à l’insertion sociale de l’enfant, futur adolescent ou adulte victimes. 

Ces handicaps « invisibles » comme pour le SBS ont un retentissement sur la vie familiale des parents victimes mais également de la fratrie. L’enfant d’avant n’existera plus.

Des symtômes
qui doivent alerter

Les symptômes sont multiples et de gravités variables suivant l’atteinte neurologique du nourrisson.

Le secouement entraîne immédiatement des signes cliniques. Voici une liste non exhaustive que rappel la Haute Autorité de santé : (2)

La présence d’un de ces symptômes ne signifie pas forcément que le bébé est victime du SBS mais doit alerter sur la nécessité de consulter au plus vite un médecin, d’aller aux urgences ou d’appeler le SAMU (service d’aide médicale urgente) : 15.

Les "Fakes News" du bébé secoué

"Un mythe : le jeu cause du syndrome du bébé secoué

L’acte de secouer un bébé est le fait d’un geste toujours violent et volontaire de l’adulte envers un nourrisson. Les lésions résultent d’une accélération et d’une décélération rapides du cerveau dans le crâne, ce qui entraîne des dommages irréversibles. Il ne peut donc pas être confondu avec un jeu ou un geste de la vie quotidienne.

Le jeu tel que faire l’avion, « dada » sur ses genoux, « jeter » en l’air le bébé, une promenade en poussette sur un chemin accidenté ne provoqueront jamais les symptômes du bébé secoué.

Prenons l’exemple de « jeter » le bébé en l’air : (vidéos en mode ralenti)

En le jetant en l’air, l’adulte accompagne le bébé avec ses mains. La tête ne se ballotte pas violemment d’avant en arrière comme lors du secouement.

Comme le rappel la Haute Autorité de santé dans ses recommandations de 2017, le SBS ne peut être également le fait d’une chute d’une table à langer ou d’une manœuvre de réanimation.

« Une réalité : les circonstances de ce type de violence » 

le manque de contrôle des émotions (stress, colère) par l’adulte

le comportement violent de l’adulte

l’incompréhension des besoins du bébé (les pleurs par exemple) 

amènent l’adulte à la maltraitance du bébé secoué.

« Une réalité : les circonstances de ce type de violence » 

– le manque de contrôle des émotions (stress, colère) par l’adulte

– le comportement violent de l’adulte

– l’incompréhension des besoins du bébé (les pleurs par exemple) amènent l’adulte à la maltraitance du bébé secoué.

 

Le secouement est effectué :

Chiffres clés et statistiques

Le syndrome du bébé secoué concerne plusieurs centaines d'enfants par an en France. (2) Ce chiffre est sous-évalué du fait que ces violences ne sont pas toujours signalées, ni diagnostiquées.

Selon un sondage dans la population du Québec, 5% des parents ont secoué leur enfant au moins une fois. (3). Avec 750 000 naissances en moyenne en France, imaginez le nombre de cas !

Les nourrissons sont majoritairement des victimes de moins d'un an, des cas possible jusqu'à 2 ans. Des cas extrêmes jusqu'à 5 ans existent mais sont très rares.

Les séquelles graves et  irréversibles sont immédiats et sur le long terme (4) : troubles cognitifs, comportementales, d'attention, de mémoire, problème d'insertion sociale, etc.

Pic du nombre de bébés secoués en moyenne autour des 8 semaines quand les pleurs sont les plus importants.

Les bébés sont le plus secoués par les parents après 18h, pour les assistantes maternelles le midi et l'après-midi. (8)

des cas les victimes ont moins de 6 mois
0 /3
des bébés secoués décèdent
+ 0 %
Présentent des séquelles graves irréversibles
0 %
Taux de récidive élevé
0 %
Des cas hors crèche(5)
0 %
secoués en moyenne (2)
0 x

Les auteurs

Toutes les couches socio-économiques, culturelles et intellectuelles sont concernées. Il est donc impossible de définir un profil type du « secoueur »

Définir un profil type sur le plan national est assez compliqué. Ceci s’explique par les modes de garde, le contexte social et économique différent d’une région à une autre et l’absence d’une réelle enquête sur l’ensemble du territoire national.

Néanmoins, avec les dernières études, nous confirmons les tendances suivantes : 

  • L’adulte s’occupant le plus du bébé, c’est-à-dire la mère est la personne qui secoue le moins à hauteur de 10%
  • Les 2 principaux secoueurs sont les gardiennes à domicile (assistante maternelle par exemple) et les hommes (père, beau-père ou homme gardant occasionnellement le bébé).

2 études de 2020 et 2021 en France (7&8) montrent une hausse des cas de bébés secoués par les gardiennes d’enfant à hauteur de 51% à 53%.

Etudes qui viennent en contradiction avec l’étude utilisée jusqu’alors datant de 2005, de Schnitzer, États-Unis où 70% des secoueurs identifiés étaient des hommes. 

En près de 20 ans, le mode de garde chez les assistantes maternelles ou les établissements d’accueil du jeune enfant (crèche, halte-garderie, etc) a doublé.

En 2021, une étude souligne que les 2 modes de garde les plus fréquents sont l’accueil chez une assistante maternelle (20%) ou dans un établissement d’accueil du jeune enfant (18%). Pour les parents, cela représente 56% alors qu’en 2002 cela représentait 70%. Est-ce que cela explique le nombre croissant de cas chez ces professionnels ?

Impact du confinement lié à la pandémie du COVID19 en région parisienne : selon l’étude menée  par les équipes des services d’Anesthésie-réanimation, Neurochirurgie et Imagerie pédiatriques ainsi que l’équipe mobile de protection de l’enfance de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, et d’Université Paris Cité associées à une équipe de l’Inserm, coordonnées par le Dr Alina-Marilena  ont montré que le nombre de cas de bébés secoués à doubler en 2021. Sa mortalité a été décuplée par rapport à la période pré-pandémique (2017-2019). Le nombre cas après cette période de pandémie est revenu au niveau de 2020, d’avant les confinements.

Les facteurs à risque

La prévention passe par la nécessité de comprendre ce qui s’est passé chez les auteurs de violences que cela soit un homme, une femme du foyer ou un professionnel de la petite enfance. Ce besoin de comprendre est accentué par le fait que le nombre de bébés secoués et ses auteurs peuvent être différents d’un département à un autre.

Il est néanmoins possible d’identifier des facteurs de risques pour les adultes mais également pour les nourrissons.

Pour les adultes

  • Les grossesses multtiples (x4 à 5)
  • Les grossesses rapprochées, non désirées
  • La précarité, l'isolement social ou familial
  • L'immaturité parentale
  • Les antécédents de violences subies dans l'enfance
  • Les violences conjugales
  • Les addictions

Pour les nourrissons :

  • Les enfants en situation de handicap
  • Les garçons (65 - 75% des cas)
  • Les prématurés (x2 à 3) ou complication médicale
  • Pleurs inconsolables
  • Difficultés d'acquisition d'un rythme de sommeil régulier
  • Difficultés alimentaires
  • Pathologie médicale (RGO)

Témoignages de secoueurs

Que s’est-il passé ? Comment l’adulte est arrivé à secouer son bébé ? Ces interrogations sont également nécessaires pour mieux orienter la prévention. 

Voici des exemples d’aveux de secoueurs (9) : 

Si les pleurs persistent et vous semblent anormaux, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé.

Quelle prévention pour éviter le SBS ?

Sans aucun doute la première cible de la prévention sont les parents, jeunes parents ou futurs parents et les professionnels de la petite enfance mais n’oublions pas les professionnels de santé. Ces derniers sont les premiers vecteurs d’informations et de soutiens mais aussi un moyen de détection et de signalement des cas de maltraitance.

Que faire avant d'être exaspéré et éviter ainsi ce geste de maltraitance ?

Bébé pleure ? C’est normal ! Un bébé peut pleurer 5 min ou 2 à 3 heures par jour mais certains peuvent pleurer plus, même s’ils sont en bonne santé ou que l’on s’occupe bien d’eux. Chaque bébé est différent. C’est leur langage, leur moyen d’expression privilégié et unique pour exprimer un besoin.

Face aux pleurs de bébé, vérifier si il a :

  • Faim, de la fièvre ou sommeil
  • Trop chaud ou froid
  • Besoin d'être changé
  • Trop de bruit, de lumière ou de monde autour de lui

Si vous vous sentez exaspéré par les pleurs ou dans l'incapacité à gérer votre stress, votre énervement, vous devez :

  • Poser le bébé dans son lit sur le dos en toute sécurité
  • Quitter la pièce pour retrouver son calme
  • Appeler votre conjoint ou un ami de confiance pour prendre le relais
  • Appeler un numéro d'écoute tel que Allo parents bébé de l'association Enfance et Partage au 0800 00 3456, numéro gratuit et anonyme

Ne pas savoir gérer les pleurs du bébé ou être dépassé, ne fera pas de vous un mauvais parent ou un mauvais professionnel de santé

Un bébé ne risque rien à pleurer dans son lit, mais risque tout dans les bras d'un adulte exaspéré. 

(1) : JS Raul, procès 15-16 octobre 2018 de B. Mandra, assise de Besançon
(2) : HAS 2017, syndrome du bébé secoué ou traumatisme crânien non accidentel par secouement
(3) : ISQ (2004). La discipline des enfants au Québec; normes & pratiques des parents en 2004. ISQ (2000). La violence familiale dans la vie des enfants du Québec, 1999.).
(4) : BEH, Santé publique France, 2019) 
(5) : Abusive Head Trauma in Day Care centers : Caroline Rey-Salmon, MD, Paul de Boissieu, MD, Jean Paul Teglas, PhD, and Catherine Adamsbaum MD
(6) : Laurent-Vannier A , Bernard JY , Chevignard M . Abusive head trauma through shaking: examination of the perpetrators according to dating of the traumatic event . Child Abuse Rev 2021 
(7) : Rey-Salmon C , de Boissieu P , Teglas JP , et al . Abusive head trauma in day care centers . Pediatrics 2020 ;
(8) : Laurent-Vannier A , Bernard JY , Chevignard M . Abusive head trauma through shaking: examination of the perpetrators according to dating of the traumatic event . Child Abuse Rev 2021
(9) : Catherine Adamsbaum, Sophie Grabar, Nathalie Mejean and Caroline Rey-Salmon, Pediatrics 2010;