Samuel Hibon, un Acteur de la prévention
Voici le témoignage de Samuel, un papa pas comme les autres qui a su, mettre son talent au service de la prévention.
Peux-tu te présenter ?
"Je m’appelle Samuel Hibon, je suis comédien et interprète en langue des signes. Je suis père de deux enfants. Le grand a aujourd’hui quatre ans et le petit deux ans. Voici ce qui m’est arrivé et les raisons pour lesquelles j’ai écrit une pièce de théâtre qui s’appelle Facteur humain.
Mon fils, le petit dernier, est né en janvier 2022. Il n’a même pas un an et demi d’écart avec son grand frère. Tout va très bien pour lui. Sa naissance se passe du mieux possible, la maman se porte bien et son grand frère n’est presque jamais jaloux!
Mon fils, le petit dernier, est né en janvier 2022. Il n’a même pas un an et demi d’écart avec son grand frère. Tout va très bien pour lui. Sa naissance se passe du mieux possible, la maman se porte bien et son grand frère n’est presque jamais jaloux!
En mai 2022, mon petit a eu trois mois. La maman va devoir retourner au travail car son congé maternité se termine. Nous avons réussi à trouver une place en crèche pour le petit dernier avec son grand frère mais seulement à partir de la rentrée de septembre. Il nous faut donc trouver une assistante maternelle pour trois mois seulement. Nous faisons donc appel à la PMI (Protection Maternelle Infantile) de notre ville. Je prends rendez-vous avec la PMI qui me donne une liste officielle d'assistantes maternelles agréées par la ville. Je les appelle une par une, de la première à la dernière de la liste. Une seule accepte de garder mon fils pour ces trois mois. Entre-temps la maman a tenté un sevrage d’allaitement pour le petit dernier. Elle sait qu’elle va devoir reprendre le travail et qu’il faut passer à la transition au biberon. Notre fils n’apprécie pas du tout cette transition et lorsqu’il réclame le sein, il fait des crises d'hurlements très puissants, très aiguës et il devient tout rouge. Progressivement, ces crises se calment un peu mais elles sont toujours présentes. Il est quand même temps de commencer les jours d’adaptation avec l'assistante maternelle."
Le jour qui n'aurait jamais dû exister
"Le premier jour, après quelques heures seulement chez son assistante maternelle, notre fils rentre très fatigué. Le deuxième jour d’adaptation, il reste cette fois une demi-journée. Et puis, le troisième et dernier jour d’adaptation, après seulement quelques heures, l'assistante maternelle, nous appelle paniquée. Quelque chose ne va pas avec notre fils et elle dit je cite: "Je ne sais pas si je peux garder un enfant qui fait des crises pareilles".
Ma compagne va chercher notre enfant en urgence. Il est dans un état de légume et ses yeux ne regardent plus dans la même direction.
À l’hôpital, le lendemain matin, le verdict tombe et il est sans appel. Notre fils a été secoué. S'ensuit un périple hospitalier, des rendez-vous avec différents services de différents hôpitaux, des rendez-vous avec des assistantes sociales et un parcours judiciaire. Nous tombons dans un marasme sans nom ou la première victime et notre fils et où nous, les parents, prenons tout de pleine face: l’état des hôpitaux abandonnés par l’État, les diagnostics contradictoires, l'incompétence des services sociaux, l’inaction de la justice et la mauvaise foi de la PMI. Notre fils a subi plusieurs opérations de la boîte crânienne et d'un œil. Sans parler des examens à répétitions traumatiques: fonds d'œil dignes du scène de fin d' "Orange mécanique", des IRM etc."
Comment vas ton fils ?
"Cet évènement a été un ouragan pour toute la famille. Il se termine plutôt bien quant à la santé de mon enfant. Il fait partie des 25 % des enfants qui s’en sortent avec très peu de séquelles. Il a une vision légèrement plus basse que la moyenne. Il doit porter des lunettes et un et un patch oculaire pour éduquer un strabisme. Mais le choc et le traumatisme resteront là pour longtemps, si ce n’est pour toujours. Le côté judiciaire stagne encore et balbutie."
Quel est ton combat ?
"Toute cette histoire m’a poussé à écrire. Écrire un texte qui servira de prévention, et qui résonnera aussi comme un cri de détresse, un cri d’amour pour tout le monde, mes enfants, ma compagne, ma famille.
J’ai commencé à écrire cette pièce en janvier 2023. J’ai mis plus d’un an et demi à réussir à écrire un texte satisfaisant pour moi et à rendre compte de ce qui s’est réellement passé pour mon fils et de ce que nous avons tous traversé.
J’ai commencé à écrire cette pièce en janvier 2023. J’ai mis plus d’un an et demi à réussir à écrire un texte satisfaisant pour moi et à rendre compte de ce qui s’est réellement passé pour mon fils et de ce que nous avons tous traversé.
Je ne peux plus attendre désespérément des subventions publiques qui ne tomberont peut-être jamais. C’est pour cela que j’ai lancé une cagnotte ouverte à tous. Il n’y a pas de petit geste. Un euro compte, un partage compte. Je suis soutenu par différentes associations comme France bébé secoué ou encore Stop bébé secoué. La cagnotte avance petit à petit mais la route est encore longue pour réussir à pouvoir mener à bien ce projet, ne serait-ce qu’au niveau de sa création. Mais j’ai confiance et je ne lâcherai pas. Quoi qu’il arrive, j’irai jusqu’au bout. Pour lui, pour les autres qui ont subi ou qui subiront la même chose. Pour ma compagne et pour tous les parents qui ont traversé ou qui traverseront cette épreuve qui est un enfer sur terre."
N'hésitez pas à aller voir le projet de Samuel et de le partager : Facteur Humain