Témoignages

La parentimité

Laurie Rodriguez, infirmière puéricultrice aux urgences du centre hospitalier de Carcassonne et bénévole au sein de l’Association France Bébé Secoué, nous parle des pleurs et de la « Parentimité » (association des 2 termes : parentalité et intimité) , outil pour comprendre ce qu’exprime le bébé mais aussi pour prévenir le syndrome du bébé secoué. N’hésitez pas à lire son article paru dans les Cahiers de la puéricultrice janvier 2024, n°373, éditions Elsevier, intitulé La “Parentimité”, observation et corégulation pour répondre aux pleurs du nourrisson.

Les pleurs du nourrisson représentent un stade comportemental tout à fait physiologique, ils permettent au nouveau-né de s’adapter, lors de la naissance, à un mode de vie aérien alors qu’il ne connaissait jusqu’à lors qu’un mode de vie aquatique dans le liquide amniotique. Une fois adapté à la vie aérienne, le nourrisson utilise les pleurs comme moyen de communication pour exprimer ses besoins :

– être changé
– avoir à manger
– être davantage habillé ou au contraire, un peu découvert

Mais aussi des besoins affectifs : se sentir contenu, être porté par l’un de ses parents ou une des personnes qui prend soin de lui (que l’on appelle caregivers dans la théorie de l’attachement selon John Bowlby) ou encore pour obtenir l’attention de ces dernières.
Les pleurs du nourrisson suivent une courbe dite physiologique, en termes de quantité que Gisèle Gremmo-Feger, pédiatre, a décrit ainsi : “la quantité moyenne d’agitation et de pleurs a tendance à augmenter à partir de la deuxième semaine de vie, elle culmine au cours du deuxième mois, généralement entre six et huit semaines puis elle diminue et se stabilise vers l’âge de quatre cinq mois. » 1

Cette courbe est intéressante à connaître car elle peut permettre de normaliser l’accroissement des pleurs chez les parents et diminuer leur anxiété liée à ces derniers. En effet, bon nombre de consultations aux urgences pédiatriques concernent les pleurs du nourrisson. Or, les causes organiques “n’expliquent qu’une très faible minorité des pleurs (moins de 5%).”2

Pourtant, encore trop de nourrissons se voient attribuer un traitement par Inhibiteurs de la Pompe à Protons (IPP) type gaviscon suite à un diagnostic de Reflux Gastro-Oesophagien par association de deux comportements physiologiques : les pleurs + les régurgitations. La Haute Autorité de Santé met ainsi en garde sur la forte prescription de ces derniers.3

Les pleurs sont en effet un comportement inné, qui semblerait apparaître au cours de la vingtième semaine de grossesse.4
Le tempérament du nourrisson et son environnement seront les principaux facteurs expliquant la variabilité inter-individuelle en termes de quantité et d’intensité des pleurs physiologiques.

Pour ce qui est de la physiologie des pleurs, ceux-ci se déroulent en quatre phases :

– l’inspiration
– l’expiration, le soupir
– la pause phonatoire
– le bref sursaut inspiratoire avant le prochain pleur

Pleurer permet donc aux nourrissons d’exprimer leurs besoins, tant affectifs que physiologiques en attirant l’attention de ses parents ou des personnes qui s’occupent de lui.

Dans l’article ci-joint, je propose une manière d’être et d’agir pour les parents dans les situations de pleurs de leurs nourrissons. Ceci s’appelle la Parentimité, il s’agit d’un néologisme associant deux termes : la parentalité et l’intimité.

Devenir parent ne s’apprend pas, chaque individu est un parent différent en fonction de sa propre intimité. Chacun à des valeurs, des principes éducatifs, des traumatismes du passé ou des souvenirs positifs qui vont influencer la manière dont il sera parent de son enfant. Ainsi, je transmets dans cet article, ma vision de l’accompagnement vers la prise en soin des pleurs du nourrisson , c’est-à-dire la parentimité. Pour ce faire, je propose d’observer le nourrisson en m’inspirant de l’échelle d’observation NBO (Newborn Behavioral Observation) et de proposer une co-régulation à ce dernier adaptée à ses besoins.

Trois impératifs de la part des parents et de toutes personnes prenant soin d’un nourrisson en pleurs : la disponibilité émotionnelle.psychique, la congruence et la volonté de répondre de manière adaptée aux pleurs du nourrisson.

L’intérêt de la parentimité est d’offrir une parentalité plus apaisée aux parents, en comprenant ce qu’exprime leur bébé, mais aussi de prévenir le syndrome du bébé secoué dont l’un des principaux éléments déclencheurs sont les pleurs. Enfin, cela permet de diminuer les dépenses de santé publiques évitables.

Sources :
1 : (GREMMO-FEGER G. Un autre regard sur les pleurs du nourrisson. Conférence du 24 juin 2007. 15ème congrès national de pédiatrie ambulatoire. 9p.)
2 : (GREMMO-FEGER G. Un autre regard sur les pleurs du nourrisson. Conférence du 24 juin
2007. 15 ème congrès national de pédiatrie ambulatoire, Saint-Malo.)
3: (Haute Autorité de Santé. Fiche bon usage des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). 2022. www.has-sante.fr/jcms/p_3380481/fr/fiche-bon-usage-des-inhibiteurs-de-la-pompe-a-pr
otons-ipp.)
4 : (CONG X, HASHEMI F & LUDINGTON-HOE S. Infant crying : Nature, Physiologic, Consequences, and Select Interventions. 2002. (PDF) Infant Crying: Nature, Physiologic Consequences, and Select Interventions (researchgate.net))

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *